Réflexions écrites
De la théorie facile à comprendre et des mises en pratique à tester avec vos museaux, c'est ce que vous trouverez dans les articles de cette rubrique qui regroupe des sujets d'éducation canine, d'apprentissages humains, et des notions de comportementalisme.
Renforcer les émotions ?
Qui ne s'est jamais entendu dire : «ne caresse pas ton chien quand il a peur, cela va renforcer sa peur" (et sous-entendu cela va l'accentuer et il aura encore plus peur)
Cela fait longtemps que je veux préciser les choses autour des émotions, parce oui une émotion peut s’intensifier mais pas dans le sens auquel on pense.
Reprenons depuis le début.
Une émotion à un cycle de vie , elle arrive suite à un évènement (quelqu’il soit), le corps la ressent, la tête aussi, et il y a des effets visibles (tension musculaire, accélération du rythme cardiaque..)et invisibles (analyse impossible..).
Pour qu’elle puisse s’équilibrer et surtout ne pas prendre une place folle il faut qu’elle soit prise en compte et déchargée !
Comment ? En acceptant de la traverser et en lui permettant de sortir (pleurer, crier ou aboyer, grogner…) Voici un exemple humain et un exemple canin pour que vous compreniez la situation:
- un enfant tombe parterre et se met a pleurer, plutôt que de lui dire que ce n’est pas grave et qu’il doit arrêter de pleurer (non prise en compte) si on lui disait que l’on comprenait, que c’était ok de pleurer (prise en compte et décharge) ce serait bien plus efficace pour lui.
- un chien qui a peur de la poubelle, aboie, refuse de passer à coté, au lieu de le forcer a y aller parce que l'on doit passer par là (non prise en compte) l’y exposer à distance et prendre le temps de changer sa perception (prise en compte) serait bien plus profitable.
Certaines peurs deviennent des phobies suite à une exposition répétée et à la non prise en compte des émotions. Les émotions peuvent donc s’intensifier si elles sont répétées et non traversées et déchargées.
Cette intensification des émotions est valable pour tous types d'émotions (la peur notamment mais aussi la joie par exemple). Un chien à qui on refuse de vivre une émotion positive forte ( jouer à la balle) ne pourra pas apprendre à la gérer, et sa joie se transformera en sur excitation incontrôlable. C’est la que la prise en compte et le cadre jouent un rôle fondamental…
Gardez donc en tête qu’une émotion s’intensifie et s’auto-alimente si elle n’est pas écoutée, acceptée, traversée et déchargée.
Les émotions
Les émotions, vous savez celles qui nous font rire , nous mettent en colère ou bien nous font nous sentir tristes... et bien si vous ne le saviez pas nos museaux les ressentent également !
Oui les émotions de base comme la colère, la joie, la peur, la tristesse, participent même à la production de comportements.
Par exemple mon chien peut aboyer à la vue d’un autre chien par excitation, peur, ou colère.
Et oui rien n’est tout noir ou tout blanc avec les émotions et elles peuvent se mélanger.
En revanche vengeance, culpabilité, jalousie (entre autre) ne sont pas des mécanismes ressentis comme chez l’humain. Combien d’entre vous se disent que leur chien a compris qu il avait fait une bêtise vu sa petite mine quand vous lui criez dessus…
Il ne comprend pas, il sait juste que vous lui envoyez des émotions négatives qu’il ressent très bien et adopte un comportement lié à l’évitement de conflit.
C’est pour cela que le décryptage et la compréhension de nos museaux est si complexe, si intéressante et nécessaire !
Idée reçue
Aujourd’hui nous allons tordre le cou à une idée reçue qui perdure et qui pourtant n’a pas lieu d’être…
LA DOMINANCE
Vous savez ce concept qui veut qu’un chien mange avant nous, passe les portes en premier, dort sur le canapé, dort dans le lit, est agressif (entre autre) parce qu’il est un dictateur qui veut prendre le pouvoir et dominer le monde.
Hum... sauf que cette idée a germé suite à l étude des loups et de leur organisation. Ces loups étaient captifs, inconnus les uns des autres, dans un environnement artificiel. Plus tard l’observation des loups dans leur milieu naturel a montré que les meutes regroupaient des familles avec une organisation familiale : des parents qui guident des enfants.
A cela vous rajoutez la grosse dose du « le chien descend du loup ! » (alors qu en fait ils ont au mieux un ancêtre commun ) saupoudrez le tout avec le fameux « meute de chien» (un groupe de chiens à l état naturel est très fluctuant et sans lien de parenté ).
Et vous voilà avec tous les ingrédients de création d’un mythe :
une meute de chien ça n’existe pas, un chien dominant ça n’existe pas !
Dans les interactions canines il y a des moments où un chien peut prendre le dessus sur un autre MAIS ce n’est pas permanent ni unilatéral. Il ne s’agit donc pas de dominance. Prendre le dessus en permanence n’est pas un comportement normal le chien exprime quelque chose (inconfort, peur, frustration …).
Pour le reste, le canapé, le lit, les repas ce sont de choix humains… et c' est un autre sujet
La promenade
Vous allez me dire que parler de la promenade du chien c’est inutile, il n’y a rien de plus simple !
Et vous avez (presque) raison .
Alors je vous pose la question : à quoi sert une balade ?
- Satisfaire les besoins naturels du chien (sortie hygiénique)
- Lui procurer une dépense nécessaire à son équilibre
- Lui offrir une activité
- Lui faire prendre l’air
Je suis sure que l’on peut encore mieux faire !
Combien de museaux n’ont pas le choix de l’itinéraire, n’ont pas le temps de renifler, reçoivent des saccades (coups sur la laisse) parce que « vite médor je suis en retard, il pleut, il fait froid ».
Combien se disent que si le chien ne marche pas il ne sera pas dépensé ?
Et bien si on recentrait les choses ? Les promenades sont, à la base, pour LUI, cela doit donc être un moment agréable pour lui. Plutôt que de passer ce moment chacun de son côté je vous propose d’essayer ce qui suit :
- ralentissez le rythme
- tentez les balades silencieuses
- laissez votre museau renifler encore et encore jusqu à ce qu’il ait fini
- laissez-le choisir l’itinéraire
- observez-le et prenez le temps de vivre ce moment avec lui (rangez vos téléphones)
- profitez en pour consolider votre relation
- variez les plaisirs (une petite recherche dans l’herbe, un cache cache de jouet …)
Saviez-vous qu une activité olfactive est trois fois plus énergivore qu’une activité locomotrice ?
Encore un bon plan pour les jours pluvieux !
Qui va tenter de modifier ses habitudes ?
Attacher son chien
Un message important !
Je suis sure que ça va parler à beaucoup d’entres vous (coucou les réactifs , les sensibles, les asociaux... ), vous qui avez déjà subit les assauts de chiens en libre sans aucun contrôle…je vous vois opiner du chef .
Oui la liberté de mouvements pour nos museaux lors des promenades c’est un pur régal, un moment sans contrainte dans une vie qui en est remplie.
Oui c’est vrai, mais tout comme le proverbe le dit si bien « la liberté des uns s’arrête là ou la liberté des autres commence » il en va de même pour la gestion des promenades.
Parce que oui les promenades doivent être, un minimum, gérées par l’humain. Et le minimum c’est de rattacher son chien à l’approche de congénères ( qu’il soit en libre ou en laisse d’ailleurs) ou d’humains.
Mais pourquoi ? Pour des raisons de sécurité !
Sécurité physique et sécurité émotionnelle.
Vous ne savez pas dans quel état émotionnel se trouve le chien en face, peut être qu’il travaille, n’aime pas les contacts, a besoin d’une certaine distance pour ne pas se déclencher…
Et quand est il de votre chien ? Son état émotionnel du moment ? Ses éducatifs sont ils assez efficaces (du genre rappel qui fonctionne à tous les coups) ? Et vous, êtes vous en capacité d’intervenir et de gérer si ça dégénère ?
Et l’humain en face a-t-il peur des chiens ? Sait il gérer le sien ?
Mes conseils :
✴rattacher
✴échanger avec l’humain qui tient le chien et voir si le contact est possible.
✴lire et décoder les chiens pour savoir reconnaître les signes de communication
✴si la rencontre n’est pas possible proposer une activité à votre chien en attendant le passage, changez de chemin …
La laisse n’est pas faite pour rester en bandoulière, et quelques minutes de privation de liberté peuvent vous éviter bien des soucis !
Partagez partagez et partagez parce que c’est un vrai fléau et que cela doit cesser.
Accueillir un museau est une tâche bien plus complexe que ce que la société nous laisse entendre. L'éducation canine, la compréhension du comportement canin, le langage canin sont autant d'apprentissages à acquérir pour les gardiens. Se faire accompagner par un professionnel respectueux permettra d'établir une relation homme-chien de confiance .